Les résultats de la coupe 2000 étant enfin accessibles sur le web, voici les contributions des joueurs de l'équipe 1, narrant cette journée, chacun à la lumière de sa lanterne. Comme il est d'usage, les opinions ainsi exprimées n'engagent que leurs auteurs et certainement pas la webmestre. Ce texte fait un pendant quasi parfait à celui publié il y a déjà quelques temps et qui mettait plutôt l'accent sur l'équipe 2, dont les coéquipiers n'ont pas craint d'affronter des adversaires bien plus forts, tout au contraire. Bonne lecture.
Ethan
1ère partie : je me fais avoir sur un ordre de coups
dans l'ouverture Alekhine et je suis très mal: j'ai moins d'espace, il a
un superbe Fou en d3 planté dans ma position, à ce moment là il me
propose nulle, les positions de Christophe et Bertrand n'étant pas
faciles à évaluer pour moi, je continue, bon choix car je le fais craquer
grâce au couple mortel dame-cavalier sur un roi trop affaibli. Partie
gagnée.
2ème partie : Elle commence aussi mal car je
me retrouve immédiatement en difficulté dans l'ouverture avec un pion en
d6 arriéré sur une colonne ouverte, des pièces très passives, bref
encore une fois une poubelle mais petit à petit les pièces s'échangent
et mon adversaire me redonne vie. Je prends même l'avantage grâce à une
imprécision tactique de mon adversaire. La finale fut longue et le
zeitnot éprouvant mais impossible de concrétiser mon avantage avec une
telle défense de mon adversaire. La partie nulle fut signée.
3ème partie : assez facile, Est-indienne bien menée avec le plan f5 f4
dans la variante classique. Le pion avance pour démolir le roque
adverse. Le contre jeu à l'aile dame du joueur blanc n'a pas été assez
violent et c'est l'aile roi qui s'ouvre! La défense blanche cède et la
victoire me fut accordée!
Patrick
1ère partie
: Je profite du
mauvais placement des pièces adverses pour placer une jolie combinaison
qui semble perdre une pièce dans une Pirc. Résultat: c'est moi qui
ingurgite un maximum de matériel jusqu'à l'indigestion.Mon adversaire
finit par abandonner.
2ème partie : Mon adversaire, plus coriace que le premier joue, une Hollandaise en premier. Après l'échange des dames, la position est proche de l'égalité. Je me trompe dans
le
zeitnot. J'ai 2 pions pour une pièce pour ne pas perdre la qualité. Mon
roi s'approche des pions passés pour les soutenir. Au moment où les
blancs paraissent mater je place un échec qui me délivre. OUF. Un
perpétuel était possible.
3ème partie : Une nulle me convient contre un bon 1900. Sur une
française je joue la variante d'échange qui parait insipide. Les noirs
placent leurs pièces de manière maladroite. J'ai un plan clair pour prendre l'avantage mais je suis
imprécis. A cause de ça je me retrouve dans une finale un peu inférieure
mais mon adversaire ne veut plus se battre.
Bertrand
Malgré une très courte et mauvaise nuit, c'est avec beaucoup d'enthousiasme que je retrouvais mes coéquipiers pour la Coupe 2000, compétition fort sympathique à laquelle je n'avais pas participé depuis 4 ans. Christophe m'ayant laissé la charge du capitanat, je décide de placer Ethan, notre benjamin, au premier échiquier et Patrick au 2. Dans une forme équivalente à la mienne, Christophe préfère jouer au 4.
Malgré une très courte et mauvaise nuit, c'est avec beaucoup d'enthousiasme que je retrouvais mes coéquipiers pour la Coupe 2000, compétition fort sympathique à laquelle je n'avais pas participé depuis 4 ans. Christophe m'ayant laissé la charge du capitanat, je décide de placer Ethan, notre benjamin, au premier échiquier et Patrick au 2. Dans une forme équivalente à la mienne, Christophe préfère jouer au 4.
Quelle
fût ma surprise en apprenant que, pour la première année, les parties
étaient homologuées par l'instance suprême ! Si un classement à 1907
m'interdit toute prétention échiquéenne, je ne m'attendais pas à
m'exposer au risque de descendre d'un pallier de 100 pts ce dimanche.
Faute d'un stick antitranspirant dans la poche et équipé d'un caleçon
tout neuf, il va falloir éviter les positions trop tendues. Je pars
acheter une viennoiserie en guise de petit déjeuner express, une banane
pour anticiper un coup de barre dans les prolongations et me prépare
psychologiquement au combat.
Nous
sommes 9 équipes, synonyme de combiné système Suisse-Molter. Par
malchance nous faisons partie des 3 équipes qui joueront le Molter. Ce
système ne comptabilise que les points par échiquier. Nous ne sommes donc plus
vraiment dans l'esprit match par équipes, car à chaque ronde, nous
rencontrerons 2 joueurs des autres équipes du groupe et pas
nécessairement les adversaires affectés au même échiquier que nous. Le
seul avantage est que les appariements des 3 rondes sont fixés dès le
départ, une lisibilité qui permet d'établir une stratégie globale.
A
la première ronde, j'affronte un jeune classé 1300 avec les noirs. Si je ne crains pas ce profil de joueur, subsiste le risque de se
faire soulager d'une vingtaine de points, soit le maximum possible,
quand une victoire n'en rapporte pas deux. J'applique la stratégie
dédiée : on joue simple et proprement et on attend la donation,
matérielle ou positionnelle. Je ne trouve pas la réfutation dans une
sicilienne où il ne souhaite prendre aucune initiative. Qu'est-ce que
c'est frustrant d'affronter un joueur aussi passif que soi ! Je me
résous à l'encourager à jouer e4 pour qu'il se passe quelque chose. Ma
faiblesse sur la case d6 me pique les yeux d'avance. S'il souhaite installer son cavalier en d5, je le chasserai avec e6 et trouverai le moyen
de donner mon pion d en échange d'une initiative significative, voire
déterminante. Il est victime d'un syndrome que je connais bien : ne pas
croire en ses chances face à un joueur plus fort sur le papier. Ce n'est
qu'après avoir fait prendre des nouvelles des copains à son cavalier
qu'il songe à l'installer en d5. Cette perte de temps et le mauvais
positionnement de sa dame m'offrent une combinaison qui gagne la qualité
en 3 coups. L'avantage est net et la fin de partie est tranquille. Mon
adversaire n'épargnera aucune souffrance à son armée et n'abandonne
qu'après la perte de sa dernière pièce lourde. J'ai tout juste le temps
d'avaler un sandwich avant la ronde 2.
Je
joue mon ami Joseph avec les blancs. Il s'emmêle les pinceaux et
positionne mal ses cavaliers face à mon double fianchetto et la
structure de pions c4/d3/e4. Par fatigue et par fainéantise, je manque
de précision en milieu de partie mais la position reste confortable à
jouer. Je laisse ensuite traîner une fourchette décisive que mon
adversaire, diminué et en manque de temps, ne jouera pas. Après un
échange de dames favorable grâce auquel je gagne le pion g, je rends la
paire de fou pour arriver sur une position où les coups gagnants sont
multiples. Un petit calcul est nécessaire pour trouver le meilleur coup
après que les noirs aient joué Te8.
Avant
la ronde 3, nous sommes en tête du groupe avec un point d'avance sur
Bourgoin-Jallieu. Patrick et moi allons affronter 2 bergalliens et nos
coéquipiers, sauf accident, devraient marquer leur point. Je pars donc
questionner l'arbitre sur les départages du système Molter. Le premier
se fait au Berlin, le second à la moyenne Elo, laquelle nous est
défavorable. Le Berlin consiste à additionner le nombre de victoires par
échiquier en attribuant un coefficient dégressif à chaque échiquier (x4
au 1er, x3 au 2nd, etc.). En cas d'égalité de points à l'issue des 3
rondes, nous serions qualifiés. La stratégie est simple et en adéquation avec mon style de jeu : Patrick et moi devons faire nulle. Je joue
l'ouverture très lentement et passivement. Christophe se retrouve vite
gagnant et Ethan ne peut, vraisemblablement, pas perdre sa partie.
Patrick respecte rapidement les recommandations du coach. Même si je
perds, la qualification semble désormais acquise. J'ai réfléchi 55mn
pour jouer les 14 premiers coups d'une défense slave où les blancs jouent Db3 au 4ème coup. La position est peu confortable mais les blancs n'ont
rien de concret : garder la paire de fou permettra à mon cavalier de
contrôler définitivement e5. Si mon adversaire veut gagner, nous
louperons donc tous les 2 le JT de 20h. Il me reste 5mn et je propose le
partage du point au 15ème coup. Cette proposition a le mérite de faire
sourire Florent, le capitaine de Bourgoin-Jallieu. Après quelques
minutes de réflexion mon adversaire me tend gentiment la main en me
disant "on ne va pas se fâcher pour ça".
Christophe
1ère partie
: Je prends l'avantage rapidement avec les noirs avec le gain d'une
pièce dans une position complexe. Je défends assez mal et je me retrouve
avec 2 pièces pour une tour. Mon adversaire me place alors une belle
tactique pour simplifier la position : nulle.
2ème partie : Un petit avantage positionnel toute la partie, mais insuffisant pour gagner : nulle.
3ème partie : Mon adversaire oublie une découverte qui me permet de gagner une tour et la partie.
J'ai adoré le compte-rendu de Bertrand !!!
RépondreSupprimerCe qu'il faut retenir du compte-rendu de Bertrand : toujours prévoir une banane pour une partie d'échecs !
RépondreSupprimerOn aimerait aussi une photo du caleçon avant et après !
RépondreSupprimerJe suis ravi que ma distribution de bananes portent ses fruits. Je le garde au frais pour notre prochaine partie et tu pourras en faire l'usage qu'il te plaira.
Supprimer