Pour ce billet échiquéen, je vais vous narrer mes impressions de la ronde qui a opposé, ce samedi 11 mars 2017, l'équipe de Nat.III de l'Echiquier grenoblois à celle de Bourgoin-Jallieu (ronde 6). Comme ma compréhension des parties laisse forcément un peu à désirer, j'ai choisi d'aborder ce reportage sur deux plans bien différents : d'une part, ce que j'ai cru voir dans certaines de ces parties et, d'autre part, ce qu'il m'a semblé déceler des attitudes et des émotions des joueurs, m'inspirant donc des analyses savantes du projet Chess Expertise from Eye-Gaze and Emotions. Assez rapidement, Nikolay a du rentrer son cavalier de c3 en b1 et s'est retrouvé de ce fait avec une première rangée fort embouteillée, tandis que son adversaire faisait virevolter ses cavaliers à l'attaque. Quelques coups plus tard, il perdait une tour pour sauver sa dame et abandonnait, imperturbable. Patrice battait la mesure à un rythme soutenu du pied, du mollet et de la jambe. Gino devait faire face à une attaque de pions, cavalier et dame sur son roque en fianchetto, alors que sa dame se trouvait éloignée du théâtre des opérations mais un coup "tranquille" (comme on dit dans les bons livres?), c4, libérant sa D et ouvrant une magnifique diagonale vers le roi ennemi forçait son adversaire à réfléchir pas loin de 30 minutes avant de répondre, après moult prises de tête entre les mains et déplacements de chaises, signes d'une grande perplexité. A coté, j'observais aussi l'attaque sur le roque de Claire, qui sans se départir de son calme (de simples réajustements de ses lunettes posées dans ses cheveux), échangeait sa D contre deux tours adverses. Juste au moment où les manœuvres suivantes venaient de conduire aussi à l'échange d'une pièce mineure contre des pions (avantage d'un pion pour Claire), j'entendis un cri à la fois outré, désolé et furieux (oui, tout ça à la fois dans un simple "ahhhhhh!") et le temps de me retourner, Vincent venait de perdre sur une erreur tactique. Pendant ce temps, Jean-Paul transformait une partie plutôt calme et positionnelle en une explosion d'échanges, pour se retrouver malheureusement avec deux pions de moins et une pendule toute meurtrie de la force avec laquelle les deux belligérants avaient tenu à afficher leurs convictions sur l'échiquier. Dimitri, avec un petit sourire, partait fumer à l'extérieur après avoir poussé un vaillant pion qui se rapprochait dangereusement de la ligne d'arrivée et je constatai que Pierre venait de gagner une qualité, sans que j'aie pu voir comment. Ensuite, j'ai plus suivi les parties de Gino et de Claire, si bien que je n'ai vu que la fin de la partie de Dimitri, avec une téléportation de D tout à fait réussie: Il donnait sa D dans son camp pour la récupérer près du roi adverse par promotion du pion cité plus haut et empochait un joli point pour l'équipe. Pierre, dans le même temps, après avoir installé une tour inattaquable sur la deuxième rangée de son adversaire, ramenait sa seconde T en h4, chassant la D adverse, dernière défense du malheureux pion h7, ce qui le menait à la victoire. De toute la partie, jamais je n'ai vu Pierre se départir d'un masque immuable mais lorsque je le félicitai pour cette jolie victoire, ses yeux se mirent à pétiller et il m'a murmuré, amusé et content: "Et oui, tu as vu ça !?". La dernière en lice, et de beaucoup, fut Claire, qui ne s'est départie de son calme qu'à la fin, lorsque qu'une étourderie de sa part l'eut conduite à une version un peu tarabiscotée (verticale plutôt qu'horizontale) du mat du couloir.
Quant à moi, figurez-vous, je n'ai plus d'ongles...
Quant à moi, figurez-vous, je n'ai plus d'ongles...
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