"Direction Chambéry pour cette nouvelle journée de Nationale 3.
Quelques minutes avant le début de la ronde, nous marquons notre premier point sur un forfait adverse. Comme il s'agit de l'échiquier féminin, les locaux auront en plus un point de pénalité. Commencer un match avec 2 points d'avance, c'est toujours bon pour le moral.
Un nouveau point est marqué très rapidement au 6e échiquier par Alexandre Aksenov : son adversaire, pensant peut-être que le but du jeu est de conserver la pendule au dessus de 1h30, joue à une allureincompatible avec sécurité de ses pièces. Comme Alexandre n'est pas du genre à s'éterniser interminablement sur une position, on avait parfois l'impression d'assister à un blitz furieux.
2-0 pour Grenoble (et -1 à venir pour Chambé)
Au 3e, Patrick Lefèvre faisait gentiment visiter sa maison à la tour adverse : le 1er étage, puis le 2e avec arrêt casse-croûte sur l'infortuné pion b2. Une telle hospitalité était tout à fait du goût de son adversaire et de son terrible pion b3 qui ne demandait qu'à terminer la partie en 2 coups. Abandon du grenoblois, mais toujours 0 pourChambéry qui consommait ainsi son -1.
Au 5e, Alain Saint-Arroman préparait consciencieusement une interminable finale de variante d'échange de la slave, dans laquelle il pourrait torturer sadiquement son adversaire. Las, celui-ci préférait prendre une tour sournoisement laissée en f1, ce qui laissait juste le temps de sacrifier une 2e pièce en g6 pour achever la partie ; les noirs abandonnaient 3 coups avant un mat imparable. Il est vrai qu'un roque avec g6 et h6 sans fou de cases noires, sans cavaliers, une dame à l'ouest (de l'échiquier) et 4 pièces adverses devant la porte...
3-0, miam.
Cap'taine Blanchard, au 1er, ne devrait pas jouer contre des 2200, il pense qu'à ce niveau là, on ne peut pas se tromper. Funeste erreur ! Le jeune chambérien, par ailleurs titulaire d'une norme de MI, faisait une combinaison en 2 coups, magnifiquement fausse : en 2 coups il gagnait un pion, sauf qu'au premier coup de la combinaison, il aurait dû perdre une pièce que Hughes ne prenait pas la peine de ramasser ! Du coup, la combinaison gagnait bien un pion !! Quelques escarmouches plus tard, Cap'taine B. oubliait un pion que son adversaire prenait sans vergogne (c'est ça un vrai 22OO Hughes !). Finalement, la partie s'achevait sur une sorte de répétition et le score ne bougeait pas.
Au 7e, Renaud gagnait une pièce, mais jugeant un tel procédé de gain un brin discourtois, il donnait gracieusement la dame. Plus tard, on le voyait méditer sombrement sur la position, essayant sans doute de s'expliquer l'inexplicable. Allez Renaud, une de perdue...
A 3-1, restaient 2 parties que d'aucun considérait comme totalement gagnantes pour Chambéry, et, de fait, ce jugement était sans doute le bon.
Sauf que :
Sauf que Christophe au 2e défendait longuement une position de française, une de ces positions que les blancs peuvent triturer à loisir pendant des heures pour faire rendre gorge l'adversaire. Mais notre jeune talent, avec la maestria d'un vieux briscard, acceptait inopinément une finale de pions dont l'adversaire s'aperçut avec horreur qu'elle était stérile : nulle.
Le match était gagné, et restait LA partie.
Ah, Georges, tu nous a fait rêver encore une fois !!Au 1er coup de la partie, avec les noirs, il méditait d'interminables minutes sur l'étonnante ouverture de son adversaire : 1.d4 (!?!?). Il se décidait pour l'audacieux et peu usité 1...Cf6 (??!!?&?!!*ù%9<#). Passons sur les obscurs développements de ce qui semblait être une Grünfeld, en concentrons nous sur la fin :mortifié de voir que la position s'acheminait vers une nulle inintéressante, il sacrifiait donc un pion central, puis entamait une de ces splendides manoeuvres de repli dont lui seul a le secret : Cf6 en h7 et Cd7 en f8. L'assistance entière faisait semblant de comprendre avec force hochements de tête. Puis le chambérien fut tout heureux de rentrer dans une finale fou contre cavalier avec un pion de plus. L'imprudent ! Laisser un cavalier à Georges !! Et de fait, notre Georges, au bord du précipice, après une folle sarabande équestre, sacrifiait le bestiaux sur un misérable pion et proposait derechef la nulle. Refus poli du chambérien, sourire narquois ou affligés des spectateurs. Et 15 ou 20 coups plus tard, miracle : la position était bel et bien nulle et archi-nulle contre une pièce et contre toute logique livresque.
Bien plus tard dans la soirée, il semble que la gendarmerie ait arrêté un individu qui courait dans la ville en jetant avec rage des livres à la tête des passants frigorifiés, tandis qu'une demi-douzaine de ses
amis lui criaient : "Non, pas le Nimzovitch ! Non, pas l'ABC de la stratégie ! Non, pas les principes du jeu positionnel de Dorfman, s'il te plait !"(information non vérifiée)
Annemasse toujours en tête, Grenoble toujours 2e ex-æquo 1 point derrière."
par Alain
Quelques minutes avant le début de la ronde, nous marquons notre premier point sur un forfait adverse. Comme il s'agit de l'échiquier féminin, les locaux auront en plus un point de pénalité. Commencer un match avec 2 points d'avance, c'est toujours bon pour le moral.
Un nouveau point est marqué très rapidement au 6e échiquier par Alexandre Aksenov : son adversaire, pensant peut-être que le but du jeu est de conserver la pendule au dessus de 1h30, joue à une allureincompatible avec sécurité de ses pièces. Comme Alexandre n'est pas du genre à s'éterniser interminablement sur une position, on avait parfois l'impression d'assister à un blitz furieux.
2-0 pour Grenoble (et -1 à venir pour Chambé)
Au 3e, Patrick Lefèvre faisait gentiment visiter sa maison à la tour adverse : le 1er étage, puis le 2e avec arrêt casse-croûte sur l'infortuné pion b2. Une telle hospitalité était tout à fait du goût de son adversaire et de son terrible pion b3 qui ne demandait qu'à terminer la partie en 2 coups. Abandon du grenoblois, mais toujours 0 pourChambéry qui consommait ainsi son -1.
Au 5e, Alain Saint-Arroman préparait consciencieusement une interminable finale de variante d'échange de la slave, dans laquelle il pourrait torturer sadiquement son adversaire. Las, celui-ci préférait prendre une tour sournoisement laissée en f1, ce qui laissait juste le temps de sacrifier une 2e pièce en g6 pour achever la partie ; les noirs abandonnaient 3 coups avant un mat imparable. Il est vrai qu'un roque avec g6 et h6 sans fou de cases noires, sans cavaliers, une dame à l'ouest (de l'échiquier) et 4 pièces adverses devant la porte...
3-0, miam.
Cap'taine Blanchard, au 1er, ne devrait pas jouer contre des 2200, il pense qu'à ce niveau là, on ne peut pas se tromper. Funeste erreur ! Le jeune chambérien, par ailleurs titulaire d'une norme de MI, faisait une combinaison en 2 coups, magnifiquement fausse : en 2 coups il gagnait un pion, sauf qu'au premier coup de la combinaison, il aurait dû perdre une pièce que Hughes ne prenait pas la peine de ramasser ! Du coup, la combinaison gagnait bien un pion !! Quelques escarmouches plus tard, Cap'taine B. oubliait un pion que son adversaire prenait sans vergogne (c'est ça un vrai 22OO Hughes !). Finalement, la partie s'achevait sur une sorte de répétition et le score ne bougeait pas.
Au 7e, Renaud gagnait une pièce, mais jugeant un tel procédé de gain un brin discourtois, il donnait gracieusement la dame. Plus tard, on le voyait méditer sombrement sur la position, essayant sans doute de s'expliquer l'inexplicable. Allez Renaud, une de perdue...
A 3-1, restaient 2 parties que d'aucun considérait comme totalement gagnantes pour Chambéry, et, de fait, ce jugement était sans doute le bon.
Sauf que :
Sauf que Christophe au 2e défendait longuement une position de française, une de ces positions que les blancs peuvent triturer à loisir pendant des heures pour faire rendre gorge l'adversaire. Mais notre jeune talent, avec la maestria d'un vieux briscard, acceptait inopinément une finale de pions dont l'adversaire s'aperçut avec horreur qu'elle était stérile : nulle.
Le match était gagné, et restait LA partie.
Ah, Georges, tu nous a fait rêver encore une fois !!Au 1er coup de la partie, avec les noirs, il méditait d'interminables minutes sur l'étonnante ouverture de son adversaire : 1.d4 (!?!?). Il se décidait pour l'audacieux et peu usité 1...Cf6 (??!!?&?!!*ù%9<#). Passons sur les obscurs développements de ce qui semblait être une Grünfeld, en concentrons nous sur la fin :mortifié de voir que la position s'acheminait vers une nulle inintéressante, il sacrifiait donc un pion central, puis entamait une de ces splendides manoeuvres de repli dont lui seul a le secret : Cf6 en h7 et Cd7 en f8. L'assistance entière faisait semblant de comprendre avec force hochements de tête. Puis le chambérien fut tout heureux de rentrer dans une finale fou contre cavalier avec un pion de plus. L'imprudent ! Laisser un cavalier à Georges !! Et de fait, notre Georges, au bord du précipice, après une folle sarabande équestre, sacrifiait le bestiaux sur un misérable pion et proposait derechef la nulle. Refus poli du chambérien, sourire narquois ou affligés des spectateurs. Et 15 ou 20 coups plus tard, miracle : la position était bel et bien nulle et archi-nulle contre une pièce et contre toute logique livresque.
Bien plus tard dans la soirée, il semble que la gendarmerie ait arrêté un individu qui courait dans la ville en jetant avec rage des livres à la tête des passants frigorifiés, tandis qu'une demi-douzaine de ses
amis lui criaient : "Non, pas le Nimzovitch ! Non, pas l'ABC de la stratégie ! Non, pas les principes du jeu positionnel de Dorfman, s'il te plait !"(information non vérifiée)
Annemasse toujours en tête, Grenoble toujours 2e ex-æquo 1 point derrière."
par Alain
Excellent compte-rendu Bertrand!
RépondreSupprimerBravo à l'équipe!
J'ai été témoin pour le passant,je lui tendais les livres;sacré Georges!
Le compte rendu est de Alain :)
RépondreSupprimerExcusez-moi,merci Alain pour l'excellent compte-rendu!
RépondreSupprimerC'est sympa de lire les aventures des équipes (pas simplement le résultat brut)...
RépondreSupprimerAffaire à suivre...
Alain, tu as un vrai talent de narrateur, je lis rien que pour l'humour...
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