Oyez Oyez, la complainte de Sofyan et de ses compagnons d'armes en Mayenne, au siège de Loubatière, d'où ils rapportent le troisième trophée.
L’assemblée
grenobloise, victorieuse en mai,
Prit le
parti de gagner et d’étendre son domaine,
Alors que
les forces nationales convergeaient à Mayenne,
Elle posa
pied, voire pied nu, dans le territoire clairsemé.
Cette
confrérie des temps médiévaux,
Fut logée
dans des enceintes académiques
Près de la
Renaissance, de ses plats de moules typiques,
Et du
château où, pacifique, elle rencontra ses rivaux.
Sous l’égide
d’Aurélien, notre capitaine, et arbitre
De tous les
affrontements, un dirigeant malin,
L’équipe
comptait Idir, qui, tel un félin,
Bondit sur
la moindre faute, pour jouer le titre.
S’y trouvait
aussi Pierre, le pèlerin roi,
Prêt à se
compromettre pour forcer les marées de pion.
Et enfin j’y
figurais, en stratège plein de passion,
Mais parfois
récipiendaire d’un cheval de Troie.
Accueillis
bien au-delà de nos prétentions,
Dans un
faste, où oriflammes et chocolats ornaient la salle,
Nous pûmes
enfin nous adonner au jeu royal
Qui était
l’objet de notre campagne, de notre mission.
La première
rencontre vit la victoire d’Idir, Aurélien et moi,
Précis en
finale de fous, dont il ne fut pas le troisième,
En attaque
au centre, et dans un milieu de jeu plein de thèmes,
Pendant que
Pierre, responsable, faisait nulle sans émoi.
Contre nos
camarades de Montpellier, je fus mordu
Par un
Dragon accéléré, et une Tour en d2 peu auspicieuse.
Mais Idir
fit de la magie en seize coups avec ses cavaliers,
Et Pierre et
Aurélien firent marcher la Hollande et un pion défendu.
Puis, pour notre
vaillante armée vint l’heure de la débâcle,
Aurélien et
Idir furent pris de court, décontenancés.
Pierre et
moi, par malentendu, prenions un demi-point délaissé.
Le combat
nocturne fut un triste spectacle.
Diligemment,
nous tînmes conseil en veillée,
Nous
analysâmes les parties, avec quelques soupirs,
Comprîmes
qu’il n’y avait rien dans celle d’Idir,
Et jurâmes qu’à
la quatrième ronde l’issue ne serait pliée.
Le
lendemain, à l’aube, nous emportâmes nos tuniques
De
l’Echiquier Grenoblois, passâmes devant le château
(Qui ne vaut
toujours pas la Cathédrale de Beauvais, pas de sitôt),
Ignorant les
belliqueuses idées de g4 et f5 de notre adjoint unique.
Mordu la
veille, je ne laissai pas le Cobra me toucher,
Le traquai
jusqu’au mat, et ainsi malgré une défaite,
Une nulle
d’Idir où Fou c8 manquait, et une nulle de tempête
Chez Pierre,
nous fîmes score égal sans broncher.
Contre
Bordeaux, Pierre, qui avait juré de s’en tenir à e4,
Invoqua son
fétiche système Rapport-Jobava,
Qui, dans
les nues, par un fier sacrifice, l’éleva,
Pendant
qu’Aurélien s’inclinait, non sans se battre.
Idir fut près
de concrétiser sa finale, mais l’absence de temps
L’empêcha de
trouver la route vers le gain, et alors
Dans ma
partie endiablée, où l’absence de lucidité est mon remords,
L’épiphanie
Tour f6, pour notre victoire, fut le miracle d’un instant.
Forts de
cette dernière conquête, nous espérions trouver le podium,
Et la
troisième place vint à nous, avec de beaux trophées.
Ce parcours
de longue haleine, aux allures de contes de fées,
Était notre
œuvre peu théorique, notre opus magnum.
Je ne
saurais achever cette chanson de geste sans remercier
Le club de
Grenoble, pour son inconditionnel soutien,
Alain,
Ludovic, et les formidables organisateurs de la joute avec soin,
Et Pierre,
Idir et Aurélien, mes valeureux équipiers.
Sofyan
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